Pour de vrai.

"Jurez vous de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité?"

C'est comme si tout un chacun savait vraiment quelle était la vérité et se devait de la révéler au monde entier.

C'est un vaste sujet, qui mérite qu'on lui accorde deux minutes.

Surtout en ce moment, en ces temps où les tribuns prônent la vérité universelle.

Alors j'y ai réfléchi ces derniers jours, par la force des choses, évidemment.

Tous les jours, on m'envoie des vérités au visage, j'utilise le pluriel et je sais bien que ça peut choquer, il n'y a qu'une vérité n'est ce pas, c'est incroyable de penser qu'il puisse en exister plus d'une.

Pourtant je reste convaincue que chacun d'entre nous a sa vérité.

Tout est question de point de vue, d'angle, de perspective, de focus.

Aucune situation ne peut être vue ou comprise, entendue ou ressentie de la même manière par plusieurs personnes, même si elles ont vécu la même scène, entendu la même chose.

Prenez le cinéma par exemple, on peut voir le même film et pourtant ça n'aura pas fait écho aux mêmes choses chez chacun d'entre nous.

Parce que nous sommes uniques, notre vérité l'est elle aussi.

Ainsi, selon l'éducation que l'on a reçu, les choses que l'on a vécu, un évènement n'aura pas le même retentissement chez nous et chez notre voisin.

Dans une même famille, les enfants auront été élevés par les mêmes parents, et pourtant n'auront pas forcément les mêmes souvenirs, auront peut être vécu différemment les mêmes situations.

Au sein du couple, bien sûr, vous vous en doutez bien, l'homme et la femme ne vivent pas leur relation de la même manière.

On ne contrôle pas les sentiments, le ressenti de l'être aimé, on n'en sait pas grand chose, nous qui ne savons déjà si peu où nous en sommes.

C'est très complexe au final, quand plusieurs thèses émergent, de savoir qui a raison, qui dit la vérité.

On penchera tantôt pour l'une, tantôt pour l'autre, parce qu'on se rattache, forcément ,à nos propres références.

Comment savoir qui nous ment?Et au final peut on parler de mensonges?

Parce qu'après tout, quand quelqu'un ne perçoit pas les choses comme nous, cela ne veut pas forcément dire qu'il ment.

Mais si on devait tenir compte de la vérité de chacun dans la société, on ne s'en sortirait pas.

Enfin c'est ce qu'on a coutume de penser.

Les élections sont pourtant l'expression de chacune de nos propres vérités.

On vote pour des idées qui correspondent à notre propre vision de telle situation, à des idéaux, à des pensées qui se rapprochent de nous.

Puis on se dit que ceux qui ne pensent pas comme nous sont en dehors de la réalité, qu'ils ne se rendent pas compte de ce qui est important.

Quand on se bat pour des causes qu'on croit justes, certains disent que l'on est utopiste, ils hurlent qu'on ne comprend vraiment rien, qu'on a pas les pieds sur terre, qu'on se ment à nous mêmes.

Alors pour les faire taire, on tait nos envies, on écoute la raison, même si au fond, on sait qu'on n'a pas tort.

On passe du réel au vraisemblable.

On s'oublie, on décide de faire ce que l'on veut de nous, pour finir on y croit, à ce qu'on est devenu, mais la vérité n'est jamais loin, la vérité est près de nous, dans un coin de notre tête.

Un jour, la vérité revient.

Elle finit toujours par revenir, même quand on croit à nos propres mensonges, quand se construit une bulle où l'on se croit à l'abri.

La vérité....tout le monde en a parlé, mais comme c'est un sujet d'intello on leur laisse.

On a assez de tracas tous les jours, trop de choses à faire, pour s'attarder à ces pensées stériles.

Jusqu'au jour où l'on se sent victime d'une injustice.

Ce jour là, on dira que l'autre ment, que tout ce qui est dit n'est que calomnie, qu'on y était nous, et qui mieux que nous sait ce que nous avons vécu.

A chaque début de preuve, même irréfutable, on aura une explication, une contestation, on se sentira acculé, mais on tiendra bon.

Et si par hasard on devait être condamné, on criera à l'erreur judiciaire.

Quoiqu'il arrive, on préservera la vérité. La nôtre.

Et quand chaque jour, notre esprit s'entraîne à retourner une même situation sous tous les angles, à manier les éléments comme on le fait avec un rubikub, forcément,on finit par écrire sur le sujet, on est particulièrement attentif à ça, on ne voit plus que ça.

Alors on pourra dire que je suis une intello, que je n'ai vraiment que ça à faire, mais ce qui est certain, c'est qu'après l'avoir lu, cet article aura peut être un mérite, un seul, celui de connaître un peu votre vérité.

Et la mienne.

Pas vrai?







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