C'est le bouquet!

La saison des mariages bat son plein, les bulles de savon fleurissent devant les perrons des églises, les klaxons viennent égayer nos rues, et les faire part viennent embaumer nos boîtes aux lettres.

C'est le moment de s'aimer, ça sent le bonheur.

De jolies robes pour les demoiselles d'honneur, de jolis chapeaux, bustiers, des pochettes, des chaussures de princesse, les témoins de la mariée redoublent d'attention, être jolie pour la mariée bien sûr mais surtout pour dénoter sur les photos, briller, être au top.

Coiffeur, maquillage, esthéticienne, centre de bronzage, parfois même régime drastique pour rentrer dans cette robe D&G trouvée en soldes une taille en dessous, et comme on a décidé ce sera celle là point barre.

De jolis bijoux, de jolies tenues, de jolies boucles dans les cheveux, de l'émotion, du glamour.....

Certes.

On pleure avec discrétion quand la mariée rentre sur un air de Bach dans l'Eglise, on est ému à l'échange des alliances, on se tapote les yeux pour effacer la moindre trace de crayon dégoulinant, et avec une grande classe, on fait chaque geste avec une infinie douceur.

Le mot d'ordre: Glamour!

On rit de cristal, on ne se goinfre pas mais on "picore" sur le buffet du vin d'honneur, on virevolte sur la piste de danse, comme si on avait fait ça toute notre vie.

Tout ce que les femmes peuvent faire dans un mariage, on le fait, avec classe et distinction.

Jusqu'à un moment bien précis que j'adore par dessus tous les autres dans les mariages.

Le traditionnel lancer de bouquet.

A ce stade de la compétition, après s'être faussement congratulées sur la beauté de leurs tenues tout en se rassurant mentalement sur le fait que la plus jolie, à part la mariée, ce sont elles, les femmes, de 16 ans à 77 ans, se transforment au moment du lancer de bouquet.

On croirait assister à une mêlée de rugby, je m'éclate à chaque fois.

Ces dizaines de femmes, dans leurs robes de taffetas, dans leur tenue glam, qui ont redoublé d'efforts pour être la plus ceci ou la plus cela, deviennent des piliers de l'équipe nationale de rugby.

Le mot d'ordre est remplacé par PAS DE QUARTIER.

Ah ça, c'est clair, et c'est peu de le dire!

Vous avez sans doute déjà assisté à ça?

J'y vais toujours à reculons, parce que me concernant je l'ai attrapé une fois, il y a plus de 5 ans maintenant, bon, force est de constater que ça fonctionne quand ça veut.

Et pour moi ça ne veut pas.

La légende voulant que celle qui attrape le bouquet de la mariée se marie à son tour dans l'année.

Certaines femmes ne vont dans les mariages que pour ça je le sais.

Et je ne parle pas des femmes célibataires, suivez mon regard....

Si si, les femmes en couple, qui travaillent au corps depuis des mois voire des années leur compagnon de les mener devant Monsieur le Maire.

Qui ne rêve pas dans cette catégorie, d'être la reine d'un jour?

C'est la seule journée de toute la vie d'une femme, où on n'a d'yeux que pour elle, où elle est pomponnée, habillée, maquillée, où elle revêt une robe de princesse, où tout le monde lui fait un milliard de compliments, où elle nage dans le bonheur, où tout est parfait, où tout a un goût d'éternité.

Ne vous y trompez pas, le mariage pour les femmes c'est ça.

Idéal.

Tout doit être parfait, calibré à la cuillère prés.

Et c'est normal!

Pour une journée dans la vie, être considérée comme une vraie star, on dépense argent et énergie, on redouble d'efforts.

Les hommes sont conscients que cette journée fait plaisir à leur dulcinée.

Pour eux, souvent, cette journée, c'est l'occasion de faire la chouille avec leurs potes, autour d'un bon gueuleton, parfois certains d'entre eux, oublient l'occasion qu'ils sont en train de fêter, ils sont déconnectés, leur femme fraîchement épouse danse dans une robe blanche au milieu de la piste et eux, ils boivent du scotch avec leurs copains, en fumant un bon cigare.

La suite?

Ils n'y pensent pas du tout à ce moment là.

Ils savent seulement que durant un an, à compter de l'attrapage de bouquet, leur douce et tendre va se transformer en Robocop, et qu'ils n'auront le choix sur rien, sauf le vin et le dj, et autant dire qu'ils n'ont pas le droit à l'erreur.

Je caricature bien sûr.....quoique.

Bref, ils ont intérêt à se tenir à carreau durant l'année qui précède le jour J, parce qu'ils savent que leur amoureuse va péter un plomb chaque semaine, pour le moindre détail, et que pour décompresser, il leur faudra faire beaucoup beaucoup de ....sport.

Ils seront obligés d'aller valider le choix de leur future épouse, à chaque stand, traiteur, salle, costume, décoration, sans jamais pouvoir donner vraiment leur avis, je le pense trés sincèrement.

Oui, je le sais.

Les hommes en couple et pas mariés, redoutent plus que tout le moment du lancer de bouquet.

Pas seulement parce que la jolie demoiselle aux bonnes manières qui les accompagne se jette dans la mêlée avec une rage improbable et finit échevelée, décoiffée, la robe pleine d'herbe, et les talons souillés de terre humide.

Non, Non, passe encore, ça leur donne une idée de ce qui pourrait bien leur arriver quand ils arriveront bourrés à une heure indue de la nuit, du "travail".

Non, ce qui leur fait peur c'est que si elle l'attrape, leur muse deviendra supra chiante, genre boxeur vainqueur du super titre mondial, écrivant sur tous les murs de l'appartement en rénovation "j'ai attrapé le bouquet, j'attends ta demande"

Je m'amuse beaucoup en regardant ces scènes.

Les filles, déchaînées, "à la une, à la deux, à la trois", comme des lionnes, allant jusqu'à déchiqueter ledit bouquet innocent, le levant tel un trophée, "YEEEEEEEEEES";

J'ai assisté à plus d'une vingtaine de mariages ces cinq dernières années, et la danse est invariable.

Les femmes disent qu'elles s'en foutent mais elles ont surtout les boules 

- si une célibataire l'attrape car elle a peu de chances de se marier avant elle donc c'est injuste
- si une autre femme qu'elle en couple l'attrape, car elles sont en couple depuis plus longtemps

Mais elles disent qu'elles s'en foutent:

- parce qu'elles arriveront un jour ou l'autre à leurs fins à l'usure
- parce qu'elles savent qu'elles ont d'autres mariages de prévus dans les mois à venir.

Elles réajustent leurs robes froissées et leurs coiffures dézinguées et reviennent, déconfites par la défaite mais fières du combat mené, affichant un large sourire en regardant leur futur hypothétique mari soulagé qui veut dire "souffle pas trop vite coco, je t'aurai un jour, tu l'as échappé belle cette fois, mais t'inquiète, je gère".

J'adore ce moment parce qu'il est surréaliste.

Voir toutes ces femmes s'agiter dans tous les sens, comme si elles croyaient vraiment qu'attraper un bouquet leur ouvrirait les portes de la mairie.

Voir tous ces hommes l'air inquiet, regarder du coin de l'oeil, mais pas plus, effrayés par ce spectacle mais surtout par le résultat.

J'ai assisté à trois plaquages dans l'herbe humide de rosée.....Mémorables.

Et je dois bien sûr éclaircir ici la fois où j'ai moi même été l'heureuse gagnante de cette lutte gréco romaine.

J'étais à l'écart, comme toujours au moment du fameux lancer. 

Je mets trop de temps à trouver un mari pour risquer de perdre toutes mes chances en me comportant comme une lutteuse, mais aussi et surtout, je risquerai de me faire trés trés mal, rappelez vous que je suis une cascadeuse.

Bref, j'évite les mêlées violentes. Y compris dans les carnavals, et dans les lancers de bouquet.

Je discutais à l'écart avec mon amie Charlotte.

La mariée lance le bouquet dans la salle du vin d'honneur.

Premier lancer: un homme reçoit le bouquet. 

Evidemment ça ne compte pas.

Deuxième lancer, il me tombe littéralement dans les mains. Réflexe; je le tends à Charlotte, qui bien entendu se recule d'un air" dégueu, j'en veux pas".

Et voilà, le mal est fait. La salle applaudit, génial, je n'avais rien demandé, et j'ai attrapé le bouquet, tout ça parce que sans aucun doute je parlais  avec les mains et qu'à ce moment de la conversation ça devait être intense.

Maintenant, j'ai retenu la leçon.

Je tiens ma pochette fermement des deux mains au moment du lancer. Au pire il tombe à mes pieds.

Au mieux, une des catcheuses fera un plongeon en robe en satin pour le récupérer et tout rentrera dans l'ordre.

Vous me trouvez cynique?

Je pense l'être c'est vrai. Et réaliste aussi. Beaucoup.

J'adore les mariages, en vérité, le regard du marié ému sur la femme qu'il aime et qu'il désire, la douceur de la mariée, ses yeux pleins d'amour et d'appréhension comme Kate Winslet qui tient la main de Léo, "j'ai peur, mais je te fais confiance" sur la proue du Paquebot.

Oui, j'adore, l'amour qui s'en dégage, les gens mettent de côté leurs problèmes pour être heureux tous ensemble, les diaporamas, les gens qu'on rencontre, la fête, les belles tables, la belle décoration, la bonne musique, les animations.

Et pourquoi pas, que ça m'arrive un jour.

J'aime les fleurs.

Mais je n'aime pas le rugby. 

Je veux dire, je n'aime pas "faire" du rugby, en robe de princesse et perchée sur 15 cm de talons, coiffée comme une actrice et prête à défiler sur les red carpet.

Il y a un moment pour tout.

Et puis, il faut bien l'avouer, je suis fleur bleue.

Je préfère que mon (bon)heure arrive à un moment inattendu, impromptu, être surprise, et je sais que la probabilité de chances que je rencontre vraiment mon futur mari dans un mariage est de 1 sur 1 milliard.

Un mec qui fera un pari avec ses potes, peut être, un mec bourré en fin de soirée, sans doute, un collectionneur why not.

Je suis juste beaucoup trop romantique.

Et je ne me battrai pas pour récupérer un lys d'un bouquet déchiqueté, que la mariée aurait préféré garder pour elle.

D'où l'astuce d'en avoir deux. Pas folle la guêpe.

Mais je suis aussi observatrice et j'adore m'amuser......

D'où l'importance primordiale d'être près sans l'être trop, pour assister au combat de catch, et pourquoi pas ouvrir des paris?

Bonne idée tiens.....

Allez, je vous laisse mes ptis chats des bois.

Et surtout, n'oubliez pas de tomber amoureux:)


Ps: Quatre ans plus tard, Synthol a exaucé nos voeux. Merci Synthol. Ahahaha :)

Commentaires

Puck a dit…
hummm, je me souviens que lors du mariage d'une amie commune, dans un moment d'oubli, j'en suis presque venue à frapper la demoiselle à côté de moi pour être celle qui emporterait le trophée.
Ca devait ressembler à la foire d'empoigne. La classe.
Des années après j'ai toujours honte.
Et pas de mari...
Y a d'la joie! a dit…
peut être pas, mais tu as un amoureux.
Tu es déjà plus prés du but que moi:)
c'était drôle, je m'en souviens comme si c'était hier, un moment d'égarement
délicieux:)
Mais j'ai vu des plaquages au sol beaucoup plus violents!crois moi:)
Puck a dit…
mouais je reste dubitative sur le "moment d'égarement délicieux", j'ai failli tabasser la demoiselle d'honneur quand même...
J'espère que tu pariais sur moi au moins ;)
Y a d'la joie! a dit…
evidemment!sur qui d'autre???

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