Apparence
C'est l'histoire de cette fille, un peu paumée, d'une vingtaine d'années, qui est tombée amoureuse.
Elle vit dans la rue, et ne prend pas soin d'elle, ses cheveux sont sales et noués en dread locks sur sa tête, elle a un style tellement particulier que les gens se moquent d'elle.
Et pourtant, son coeur et ses sentiments fonctionnent aussi bien que dans un corps propre qui sent le parfum à 12 plaques.
Et pourtant, elle n'a pas de bonnes manières et ne mange pas à sa faim, elle erre dans les rues, toute la journée, contrainte parfois à vendre son corps pour les choses de la vie, manger, dormir, se vêtir.
Fumer.
Et m'appeler en panique un dimanche soir sur mon numéro personnel, alors que je ne la connais pas.
Son homme est au frais, "claquemuré" comme dirait mon ami Antoine, et elle se démène pour trouver une solution.
Elle a peur de tout perdre, de tout devoir recommencer, de ne pas trouver d'issue.
Elle panique, à l'idée que son amoureux la quitte, qu'il reparte dans la drogue et qu'elle doive du coup changer à nouveau de route.
Elle pleure au téléphone, parce que les gens se moquent d'elle, parce qu'elle est déboussolée, parce qu'elle est en retard au rendez vous.
C'est l'histoire de cette fille qu'on juge sur les apparences, sur sa dégaine, sur ses piercings sur ses ongles noirs mais qu'on ne connait pas.
Si on la voyait aprés une douche, une coupe de cheveux et des habits propres, plus personne ne se moquerait d'elle.
Mais voilà.
Non seulement elle a un style qui dérange, mais en plus elle demande de l'aide.
Et cette fille, que je ne connais pas, que je sais errer, on me la dépeint comme folle.
Mais cette petite nana, qui n'a rien demandé d'autre que de l'aide, qui a le coeur qui saigne de perdre celui qu'elle aime, même si c'est l'histoire d'un jour ou d'un mois......pouvons nous simplement la juger sur son apparence?
Faut il être bien mis pour être autorisé à aimer? Faut il être bien habillé pour avoir le droit de s'adresser à nous?
Doit on être "conforme", se "mêler dans la masse", pour être bien perçu et donc aidé?
Mais combien coûte l'aide que nous offrons?
Combien coûte l'intérêt que nous portons?
Qui sommes nous pour n'accepter que ce qui est tout beau tout propre?
J'ai déjà donné de l'argent à une jeune femme que j'ai défendu pour prendre un bus, un taxi, pour rentrer chez elle, j'ai déjà donné un sandwich à un client qui n'avait pas mangé depuis 96 heures.
Je ne veux pas de médaille, mais simplement posons nous la question.
Le coeur bat du même côté, que le corps qu'il renferme soit propre, triste, sale, pauvre, ou riche et heureux.
Le sourire qu'on nous tend est aussi précieux, qu'il soit soigné par un ortho-dentiste ou rincé à la vinasse dégueu de supérette de nuit.
Soyons plus humbles.
Soyons humains, nous mêmes en fait.
Et arrêtons donc, de juger les gens, sur l'apparence de nos interlocuteurs.
Ils ont parfois plus à nous donner que des gens qui croient être beaux, et qui sont au fond plus laids, plus sales, et plus pauvres que ceux ci.
Belle claque que l'histoire de cette fille, qui n'a pas d'eau ni de savon, mais qui s'en moque et aime quand même, et prête quand même à se battre pour son amoureux, à l'inverse de certaines femmes de la Haute qui n'assistent pas aux procès de leurs accusés de maris.
L'amour n'a pas d'odeur.
La connerie de toute évidence, si.
Méfiez vous des apparences. Et des contrefaçons.
Je vous embrasse.....
Commentaires