Incomplete (in progress)

Cet article devait au départ s'intituler "parents, mode d'emploi" , à l'usage des "enfants" qui essaient de comprendre leurs parents, leur fonctionnement, leur manière de nous témoigner leur amour, leurs réflexes, leurs manies, leurs petits défauts, leurs gros défauts aussi parce qu'ils en ont, et puis cette constante perpétuelle à vouloir nous donner des conseils quand on aimerait pouvoir se planter tous seuls.

Je me suis demandé mille fois au moins, pourquoi je ne comprenais pas le fonctionnement de mon père, sa logique se heurtant sans arrêt à la mienne, ses conseils qui, bien que bienveillants, ressemblaient toujours à une forme de mise en garde ou de mode de conduite à suivre, quand mon indépendance toquait à la porte de mon cerveau comme des flics à 6h du mat' avec un bélier pour enfoncer la porte de pseudos malfrats.

Je me suis fait aussi cette réflexion en entendant mes amis parler de leurs parents, et de cette propension infinie qu'ils ont à se mêler de tout, même quand on ne leur demande pas leur avis, et qu'ils font ça "pour notre bien" , et croient sincèrement qu'ils ont raison, alors que nous considérons leur avis comme une intrusion insoutenable pour notre libre arbitre chéri (surtout à plus de 25 ans) (enfin surtout après 30 ans) (enfin, tout le temps en fait)

Mais j'ai changé d'avis. 

J'ai décidé d'écrire sur ma dernière découverte: prendre ce problème à l'envers, d'un tout autre angle.

En réalité, j'ai déjà écrit sur le sujet que je m'apprête à vous dévoiler, c'est une constante chez moi, et chez tous les trentenaires de ma génération, ceux que vous êtes ou bien ceux que vous connaissez: ceux qui craquent, décident de tout plaquer, de tout reprendre à zéro, de sortir du rang, de changer de voie pour s'accomplir et se connaître.

A titre personnel, je dois bien le confesser, j'ai le sentiment de ne pas avoir été enfant, et de ne pas vieillir.

J'ai l'impression d'être la même. Certes le temps passe, je le vois bien.

Je le vois grâce aux saisons, aux calendriers, aux âges que je fête.

Mais au fond de moi, rien ne change. Je suis toujours la même, même si j'évolue intellectuellement, que j'apprends, je ne bouge pas....comme si j'avais arrêté le temps.

C'est ainsi que je suis la mode, mais en décalé, que j'ai fait des études, mais qu'elles ne m'ont pas suffi, que j'ai fait mille boulots, mais que tout cela me semble si lointain, que pour moi les années 90 semblent être assez proches alors que c'était il y a 24 ans (en années calendaires du monde occidental)

Très sincèrement, et comme je le disais dans mon article précédent, mon corps change, se tend et se détend, mais je ne vois pas la marque du temps sur mon visage.

Des éléments de réponse m'ont été apportés récemment, surtout chez mon ostéopathe,(décidément!!!) mais ce n'est que vendredi matin que cela m'a sauté aux yeux.

Je n'ai pas vieilli.

Le temps lui, a passé.

Moi, j'ai l'impression d'avoir fait un voyage dans le temps dans un tardis, en mode "Doctor Who".

Je ressens cela tellement fort, que j'ai besoin aujourd'hui de rééquilibrer les choses, d'être en adéquation avec mon époque, cela va au delà des considérations sur les enfants et la vie de famille, non, vraiment, il faut redescendre au moment présent, et vivre dans cette époque ci.

Suis-je la seule?

Suis-je un élément isolé sur la planète à ne pas avoir eu l'impression d'avoir été enfant, ado, jeune femme puis femme?

Ce décalage, ce côté "visionnaire", cette avance sur le temps, d'autres l'ont eu avant moi, et sont devenus savants, ou fous, ou savants fous.

J'espère vraiment que d'autres humains tout à fait équilibrés ressentent la même chose que moi.

Les gens ne voient pas ça , tout le monde trouve que je suis en phase avec mon époque, tout en faisant "jeune" physiquement.

Chassée l'obésité, je commence à muer dans mon corps définitif.

Chassés les démons du passé, je commence à évoluer mentalement à mon rythme et à faire ce qui me plaît viscéralement, qui me rend heureuse, qui me correspond.

Est-ce parce que nous serons toujours les "petits" de nos parents que nous ne nous sentons pas devenir adultes?

Je pense à mon cousin Rinaldo en Calabre dont c'est l'anniversaire aujourd'hui.

Il vit seul, à plus de 40 ans maintenant, il n'est pas marié, pas fiancé, n'a pas d'enfants.

Certes sa famille joue un rôle important dans sa vie, et le materne plus que de raison, l'empêchant de prendre son envol, sans doute par amour mais surtout par peur.

Mais quel est son frein à évoluer tout seul? A briser ses chaînes et à quitter ce cocon sécurisant?

Il est exactement comme je me sens, mais sans en avoir conscience.

A présent, j'ai compris ce qui clochait. Et ça n'a rien à voir avec la vision que mon père a de moi, ma grand mère paternelle considère encore mon père comme un enfant, et sans doute sa mère avant elle également.

Ce que je ne sais pas en revanche, c'est pourquoi je suis comme cela.

Je me sens indépendante et réellement capable de beaucoup de choses, d'efforts, de sacrifices, de renouvellement perpétuel et en même temps, figée à un âge incertain où le temps passe sans me toucher.

Si physiquement j'ai l'apparence d'une personne de 33 ans, je ne saurai déterminer mon âge, comme dans "la ligne verte" je ne souhaite pas voir tout le monde disparaître autour de moi, condamnée à une vie éternelle, même si j'aime beaucoup vivre, là n'est pas la question.

Alors voilà.

Je suis actuellement en reconversion de moi-même, en mutation, en changement, pour compléter cette partie de moi qui me manque: la réalité de mon temps.

J'étais sur le point de désespérer quand je suis retombée sur cet album d'Alanis Morissette, et cette chanson que vous pourrez découvrir en cliquant sur le titre, "incomplete".

Les paroles de cette chanson sont fascinantes en ce moment. 

Elles auraient pu être mes mots ce soir.

Je vous les livre tels qu'elle et moi les ressentons.

Bientôt je serai totalement complète.

Je n'ai plus le moindre doute sur la question.

Le plus dur est fait me semble-t-il, se confronter à la réalité....et descendre du tardis.

Trente quatre mille baisers à chacun de vous. 

Merci de compléter mon âme! 



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