Come sarà ?

Les vacances approchent à grands pas, et annoncent dès lors mon retour après deux ans et demi d'absence en Calabre, la région d'origine de ma famille, au Sud de l'Italie.

Deux ans et demi. 

C'est peu bien entendu, mais j'ai tellement avancé durant cette période, que j'ai l'impression d'y aller pour la première fois, tout en ayant une connaissance du lieu.

Et cette sensation est connue par les cellules de mon corps. Quand je suis allée à Montréal, il y a 5 ans, sans n'y être jamais allée auparavant, j'avais l'impression de connaître le lieu, mais de le découvrir pour la première fois.

Come sarà? Comment cela peut il se passer?

Je suis partie en avril 2013, le lendemain de Pâques, pétrie de sentiments contradictoires, dus au mariage de mon amie Katia et de la perte de mon amie Jeanne, j'étais obèse, fatiguée, en colère et résignée, triste et malheureuse et en même temps hors du temps pendant une journée de joie et de paillettes.

J'étais l'ombre de moi-même, j'étais une autre.

Comment seront les oliviers avec mes nouveaux yeux? Quel parfum auront les embruns avec mon nouveau nez? Quelle sera la couleur du ciel, la sensation de chaleur des rayons du soleil, la sensation de fraîcheur de Campodorato, le goût de la sopressata avec mon nouveau palais?

Comment seront les gens? Comment m'accueilleront ils? C'est certainement trés étrange de se poser ce genre de questions de la part de ces personnes qui connaissent "Lauretta" depuis toujours, cette personne que je suis à leurs yeux, joyeuse et turbulente, différente et singulière.

Mais aujourd'hui, après mon virage à 190°, comment vont se passer nos rencontres?

Il ne s'agit même pas de retrouvailles, je suis vraiment moi et personne ne m'a jamais vu comme ça, ma famille proche en France ne voit rien de différent à part mon poids peut être et mon allergie plus ennuyante qu'autre chose pour eux.

Je reviens de tellement loin, comme si je m'étais réveillée d'un coma de 20 ans, comme si je découvrais un monde plein de possibilités, plein de promesses, plein de sagesse aussi.

Je suis heureuse. Pas seulement d'être là où je suis, pas seulement de respirer, pas seulement de sentir les battements de mon coeur, je ressens ce bonheur vraiment. Et c'est tellement nouveau, que parfois je me surprends à rire toute seule sans raison apparente.

Et du coup je n'ai plus RIEN de commun avec Lauretta.

Ce qui signifie que les gens que je connais depuis 25 ans, vont me découvrir pour la première fois. Et que je vais les voir avec mes nouveaux yeux, leur parler en assumant tout ce que je dis, vivre l'instant vraiment, c'est assez émouvant quand on y pense, rien qu'en écrivant ces mots je sens ma gorge se serrer d'émotion.

Alors j'ai ressenti le besoin de l'écrire. Aujourd'hui, j'aime la femme que je suis devenue, j'aime l'idée de réussir une chose par jour, j'aime la densité, alors qu'avant je prenais de la place physiquement, aujourd'hui je ressens être pleine et entière avec 35 kilos de moins sur les épaules. 

Et là je vous livre cette anodine anecdote:

Avant hier, samedi 4 juillet 2015, c'était la fête de l'indépendance américaine et l'anniversaire de mon amie Marion. 

Je changeais les draps. Occupée à enfiler la deuxième taie d'oreiller, j'ai réalisé que je ne l'utilisais jamais.

J'ai compris subitement que depuis 10 ans, je ne dormais que d'un côté du lit, laissant l'autre côté vide, libre pour .....qui?

Samedi soir 4 juillet 2015, à 22H35, je me suis allongée au milieu du lit. J'ai empilé les coussins sous ma tête et j'ai découvert l'espace entier de mon lit. Pour la première fois.

Je sais que cette anecdote anodine vous fait sourire.

Je me suis imposée. Chez moi. J'ai investi chaque pièce, j'y ai laissé mon empreinte, je vis ici. Oui, j'y vis, moi toute seule avec mon chat. Et depuis dix ans, j'occupais le dressing en entier, l'armoire de la salle de bains en entier, le verre à brosse à dents, la cuisine, le canapé, mais la moitié du lit. 

Voilà, le fantôme à qui je cèdais la place de droite n'est plus.

J'ai maigri et c'est maintenant que je me sens entière, que je me reconnais le droit de vivre entièrement, d'exister, d'avoir un avis, de ne pas en avoir, de faire des choix, de ne pas en faire, d'aller et venir, de disposer de mon corps, d'être moi.

Voilà comment en quelques lignes je peux vous résumer mon état d'esprit. 

Et je n'ai pas peur d'arriver à Campodorato, à Nocera, à Falerna, non, ce n'est pas de la peur, c'est autre chose, comme si je partais en terre mi connue, irai je jusqu'à dire méconnue?

Je vous raconterai tout ça, il y a encore un mois avant ce voyage!

D'ici là, j'ai mille et une choses encore à vous faire partager, et notamment ma grande joie de voir mon amie Lison il y a quelques semaines, d'apprendre des naissances et de m'en réjouir pour de vrai, de retrouver ces joies simples de la vie, dont le plaisir de voir 40165 clics sur cette page.....par exemple.

Prenez soin de vous.

Je vous embrasse.



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