Non négociable
Ma plume ne sera pas ce soir des plus apaisées et pourtant c'est bien d'un des thèmes les plus exceptionnels et universels dont je viens vous parler. Ce soir, j'ôte mes casquettes simultanées de journaliste et d'auteure, de romancière et communicante, de trublion et de licorne pailletée. Ce soir, celle qui utilise mes mains pour taper avec fièvre sur ce clavier, c'est la femme qui bout au fond de mon cœur, parce que oui, pour changer on va parler d'amour.
Je ne manque pas d'amour moi, non, pas du tout même, sous diverses formes et qu'elles en soient ici remerciées de toute mon âme, des petites flammes virevoltent autour de moi et me font sentir en paix. Non ce n'est pas de moi qu'il s'agit, c'est réparé ça, je ne suis plus aujourd'hui mon auto-sujet d'analyse.
Je crains que l'amour ne s'étiole, autour de nous. Je crains fort, en regardant les gens qui comptent pour moi, qu'ils aient perdu l'espoir, la foi en l'amour. Ce sentiment, vous savez, qui fait qu'on ne compte pas, on ne marchande pas, on ne s'économise pas. On aime, avec tout ce que l'on est. On aime regarder sans parler, on aime partager, on aime au-dessus de tout et de tous. On ne tient pas des listes, des comptes d'apothicaire, des règlements de comptes à n'en plus finir parce qu'ils gâchent le simple fait d'être ensemble, non aimer ce n'est vraiment pas ça non. Je ne prétends pas en avoir la définition précise, mais je pense au contraire, pour avoir déjà aimé et avoir en plus, oh miracle, été aimée (au moins une fois bien, et d'autres fois mal, mais aimée quand même, ça compte) qu'aimer quelqu'un ce n'est pas lui reprocher d'être celui qu'il est. Ce n'est pas voir le mauvais, le dur, le rude. C'est panser les plaies, recoller les morceaux avec gentillesse, douceur. Oui voilà, de la douceur, c'est ça aimer les gens, bordel.
Ce n'est pas se demander lequel des deux fait le plus d'efforts, met le plus de sous dans la cagnotte, ou fait le plus de cadeaux. Ce n'est pas calculer qui des deux est le plus attentif, non, on s'en fout de tout ça. Parce que si on en est là, c'est qu'il faut déjà s'interroger sur ce que l'on cherche chez l'autre? Quand on aime quelqu'un, on embrasse tout, au sens on prend tout dans ses bras. On lui dit, on lui prouve, on lui offre tout ce qu'on a en nous. On est bienveillant, positif, encourageant, altruiste, présent, excentré, doux, prévenant, mais NATURELLEMENT. Si on se force c'est déjà mort, passez votre chemin. J'observe avec crainte le recul de l'amour face aux contingences du quotidien. J'écoute, chaque jour, plein de gens différents me raconter leur vie. Et aucun n'en parle de la même manière, heureusement. Mais nombreux sont ceux qui ont oublié d'aimer. Pas volontairement non. Juste, ils ont oublié. Ils font comme tout le monde, ils se mettent en couple, ils disent des mots qu'ils ont déjà vus quelque part, ils croient que c'est comme ça qu'on fait. Ils achètent des maisons, font bâtir, partent en vacances, souscrivent des crédits, font des courses, bouffent chez des potes, et occasionnellement ils font l'amour ensemble, des enfants, des cadeaux, du ménage. C'est triste, c'est mou. S'engueuler oui, ça c'est un sport où ils excellent, il paraît qu'on prouve son amour en se prenant la tête. N'importe quoi, si c'était en faisant du mal aux autres qu'on les rendait heureux, ça se saurait non? Si c'était en se jetant des trucs à la tronche, qu'on sort pour l'occasion et qu'on n'a pas réglé avec soi, d'abord, pour faire avancer une relation, ça se saurait aussi. Non, on est mou, puis on se prend la tête pour mettre de l'action, puis on est remou, et puis baste. Il est où le pétillant dans tout ça? Elles sont où les vagues d'amour, les paillettes dans les yeux, l'impatience de voir l'autre débouler, par surprise, les papillons dans le ventre (et dieu sait que j'aime pas dire ça), quand l'amoureux est sur le point d'arriver, les rêveries quand on se quitte, la fièvre quand on se manque, l'envie d'être ensemble? Hein, c'est où tout ça? C'est parti où? Dans la poubelle jaune ou verte?
Comment on en est arrivé à être avec quelqu'un qu'on dit aimer et se prendre la tête pour des riens, saboter tout ce que l'on a pour se prouver qu'on est maudit? Comment on fait, pour se faire payer des trucs du passé avec des gens du présent qui n'ont rien demandé? Comment on se passe de la paix, de la douceur, des bras, des bisous dans le cou, des gestes tendres, des bonjours ensoleillés des messages plein de joie, qui nous signalent qu'on est vivant, eh oh t'as vu, je suis là, toi aussi et c'est facile, parce qu'on est ensemble et c'est tout.
J'vous jure j'en peux plus d'assister, impuissante, à des querelles qui font perdre le temps précieux de l'amour. Alors non, je ne suis pas fleur bleue, je suis vraie, je suis intense, et je suis sincère. Et tout ce gâchis ça me rend dingue en fait. Et ça fait 9 ans que j'en parle sur ce blog, 9 ans que je dis bordel aimez-vous, et 9 ans que je constate que les gens ne savent plus s'aimer. Ils se disent des trucs auxquels ils ne croient plus, ils se promettent des choses qu'ils savent déjà impossibles, ils se font du mal parce que c'est plus fort qu'eux et pendant ce temps, ils oublient de s'aimer. Et les rêveurs s'en prennent plein la tête et le cœur, ils rangent leurs palettes de couleurs et leur romantisme, ils se croient dépassés, ils se croient à la traîne alors que bon sang, ce sont eux qui ont raison! Mille fois!
Il suffit de les regarder les gens. Les regarder de loin quand ils croient ne pas être vus. Les observer quand ils croient qu'ils sont seuls, les écouter se parler. C'est là que mon cœur saigne. Si j'avais la force et les bras assez grands, je les prendrais dans mes bras, je les serrerais fort contre mon cœur en mousse et je leur dirais: vous y avez droit vous savez. Arrêtez de vous en empêcher. Aimez, n'ayez pas peur, prenez les dans vos bras ces gens que vous dites aimer. Appelez-les si ces gens vous manquent, dites-leur qu'ils sont importants, dites-leur que vous ne savez juste plus comment on fait, que vous avez peur de vous tromper, mais que ce n'est pas grave mais surtout, écoutez-vous, ouvrez vos âmes, osez être gentil, ça n'a jamais tué personne d'être gentil. Et ça, vous voyez, c'est pas écrit sur les factures non, ni sur les pompes des stations services et encore moins dans des putains de bouquins de développement personnel!
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