The power of Love

On a tendance à "enfermer" l'amour dans une seule catégorie : celle des sentiments amoureux, du couple de la relation à l'autre, alors qu'il me semble que l'amour est universel et s'étend à un champ des possibles assez large.

Prenons l'exemple, au hasard, de l'amitié. C'est vrai, je la place très très très haut sur l'échelle des éléments que je chéris. L'amitié est pour moi essentielle, comme l'eau ou la nourriture, le soleil, le vent et la pluie. C'est indispensable à ma vie, je ne l'imagine même pas ne pas exister. C'est pourquoi je choisis de la nourrir, de l'entretenir, de l'aimer, de la prendre dans mes bras, de la faire exister, autant que faire se peut, pas question pour moi d'imposer mon amitié. Si quelqu'un a besoin d'espace, voire de me tenir éloignée, il suffit de le dire...pourtant combien sont ceux qui ne disent rien ? Qui disparaissent du jour au lendemain de ta vie balayant ainsi du revers de la main et sans sourciller parfois 20 ans d'amitié ? Sans un mot.

Alors oui, ceux et celles-là comptent c'est vrai, les bons comme les moins bons souvenirs reviennent parfois au détour d'un son, d'une chanson, d'un lieu, d'une référence commune. Mais ceux dont je veux vous parler amis joyeux, ce sont les amis qui vous aiment, qui vous reconnaissent, qui vous chérissent, qui vous portent, vous comprennent, ne disparaissent jamais. J'ai la chance d'avoir ces amis-là et j'espère que vous aussi.

En quittant le Nord, je ne me suis pas vraiment inquiétée de savoir s'ils allaient ou non être toujours dans les parages de ma vie. J'avais confiance en la solidité de notre lien et les derniers jours du mois de mai que je viens de passer m'ont donné raison, mais plus encore, les cinq années qui viennent de s'écouler. Chacun à son rythme, nous avons compris petit à petit l'importance de notre lien, en découvrant la morsure de l'absence, du manque, l'envie d'être ensemble quand 762 kms nous séparaient durant le confinement, un peu trop éloignés de ce fait pour rester dans le rayon des 100 kms autorisé. 

Mais chaque semaine, je les avais par message, par téléphone, par petit commentaire sur les réseaux sociaux, chaque semaine, les uns ou les autres de ce petit noyau dur, même si nous ne nous sommes pas connus aux mêmes époques, ont toujours contribué à entretenir la flamme. La flamme oui, ce feu intérieur, cette chaleur réconfortante que l'on appelle l'attention. Aimer, j'en suis persuadée, convaincue, c'est être attentif à l'autre. Comprendre au travers des publications si l'autre va vraiment aussi bien qu'il le prétend, déceler la tristesse qui voile un regard sur une photo, lire entre les lignes d'un texto....et être présent, quoi qu'il arrive, pour les moments importants de la vie, les plus significatifs, les plus anodins. 

Envoyer une chanson, tagguer sur un sketch, souhaiter les fêtes, les anniversaires des enfants, faire des surprises... Bref, on est dans une réciprocité. On est dans une communication ouverte, on peut tout se dire, on n'a jamais peur d'être jugé, on sait qu'on sera épaulé. 

Même si la vie quotidienne, les crises successives, les tracas, les aléas sont présents dans nos vies, on sait que quelque part quelqu'un, (et en l'occurrence quelques-uns) nous aimeront toujours. Et ça, c'est rassurant. Vraiment.

Parce qu'en venant m'installer ici, pour cet Erasmus qui dure depuis déjà cinq ans, j'avais des comptes à régler avec moi-même, avec la vie, avec le passé, avec le présent, bref, j'avais des trucs à faire, j'avais besoin de mûrir, finalement les quasi 1825 jours que je viens de passer loin d'eux n'ont pas altéré nos liens. Et même pour certains, les ont renforcés. Moi qui viens du pays des bisounours (les Hauts de France) qui ai la réputation de pouvoir parler à "un chien avec un chapeau", j'ai quand même senti un léger décalage en m'installant au pays des marmottes. Euphémisme.

J'ai rencontré des gens formidables, et je les chéris parce qu'ils sont peu comparés à ceux qui me soutiennent et m'aiment depuis 40 ans, mais combien de temps a-t-il fallu pour se faire des amis bon sang ! Le lieu a beau être une carte postale, la carapace des habitants est tenace ! Et de vrais Savoyards je n'en connais que très peu qui m'ont fait entrer dans leur cœur, la plupart sont comme moi "des expats'" Et vous allez rire, certains viennent.... du Nord. On ne se refait pas. On se reconnaît entre nous, dès les premières blagues quelqu'un finit par dire "vous n'êtes pas d'ici vous", et ce n'est pas à cause de l'accent non, c'est en raison de cette bonhomie sincère presque naïve dont nous avons hérité, nous, les ch'tis. Tôt ou tard on nous dit "ah oui, vous êtes du Nord, je me disais aussi". J'adore. Cette phrase est extraordinaire. Il fallait partir du Nord pour l'entendre.

L'amour donc, est absolument présent partout et notamment dans les relations à nos amis. Les deux mots se ressemblent et pour cause, en dehors du désir, les valeurs amour et amitié sont sœurs. Et je pense qu'on aime ses amis presque plus fort qu'on peut aimer un être qu'on désire, parce que ce lien est durable et INCONDITIONNEL. Nos amis nous aiment quoi que l'on fasse, quel que soit notre aspect, notre situation professionnelle, notre situation bancaire, nos choix. Ils nous connaissent, et nous aiment quand même. C'est une de mes citations préférées. On aime nos amis parfois malgré eux, certains se posent même la question "mais pourquoi tu m'accordes autant de temps et d'intérêt ?" Ceux-là m'attendrissent. 

Vous vous souvenez du renard et du Petit Prince ? Du verbe "apprivoiser" ? "Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ? - C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « Créer des liens… » - Créer des liens ? - Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…"

C'est exactement ça. Du plus loin que je me souvienne, je n'ai pas trouvé de meilleure définition de l'amitié. Uniques au monde, voilà ce que nous sommes les uns pour les autres, les amis.

Et je l'ai dit plusieurs fois, mais cette fois plus encore, j'ai ressenti comme une reconnexion. J'ai fait le "plein". En me prenant dans leurs bras, en me prenant la main, en m'embrassant, en partageant des moments avec moi, en me regardant et même en m'offrant des cadeaux, en m'accordant leur attention ils ont rempli ma jauge de carburant : celle de "tu es digne d'être aimée, et nous t'aimons, chacun à notre façon mais pour TOUT ce que tu es, sans exception. Tu es notre amie et nous voulons tous ton bonheur et le partager avec toi." Bein ça, vous voyez, ça fait du bien, et ça réchauffe. C'est comme si d'un seul coup ils me regonflaient à bloc, comme s'ils avaient recollé mes morceaux avec de la colle dorée super forte.

Quel pouvoir incroyable que ce sentiment d'aimer ! C'est impressionnant. Quelques temps après être partie, en juin 2018, je suis revenue un week-end pour ma remise de diplômes. Nous étions quelques-uns au restaurant alors que j'avais prévenu tout le monde et finalement peu ont pu être là. J'étais triste, même si je comprenais les impératifs, mais surtout j'ai eu peur. Peur d'avoir cassé quelque chose sans le vouloir, peur de ne pas avoir été assez claire sur mes intentions de départ. Mais quand ils ont vraiment réalisé que j'étais loin, je pense, pour de vrai, je n'ai plus eu peur du tout. Chacun de mes retours le prouve, je suis une femme chanceuse. Vraiment. Le Nord de la France, la Bretagne, la région Parisienne, le Sud, l'Est, les Savoie, l'Italie, le Canada, la Belgique... le lieu importe peu finalement. Ce qui compte c'est le lien.

Le lien, c'est laisser l'autre libre d'être ce qu'il est, l'aimer comme tel, être là pour lui, et de temps à autre passer une tête pour lui rappeler que tu l'aimes et qu'il ou elle compte pour toi. C'est pourquoi je vous encourage à prendre soin de ces personnes uniques et merveilleuses qui prennent soin de nous, de leur dire que vous les aimer et si c'est trop dur de leur montrer, leur écrire, leur chanter même... Mais vraiment, on sait souvent ce que les autres sont pour nous, mais rarement ce que nous sommes pour les autres. Imaginez que dans votre boîte aux lettres vous trouviez une carte envoyée par un ou une amie qui vous dit combien vous comptez. Ressentez-vous la force envoyée par cette carte ? Voilà. C'est de ça dont je vous parle.

Les amis, souvenez-vous, c'est la famille que l'on choisit. (et qui nous choisit !) 

Je vous souhaite de beaux moments d'amitié, et je vous embrasse, fort, fort, fort.



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