Version mise à jour

Voilà fort longtemps que je ne suis pas passée par ici et il s'en est passé des choses depuis tous ces mois mes chers amis... Un nouveau livre est sorti en février dernier, et un arc-en-ciel est venu se loger dans mon cœur vers la fin de l'année dernière, m'obligeant à revoir mes certitudes, à reprendre mes plans et à une introspection en profondeur.

Forcément, on est conditionné par la société, nos habitudes, nos croyances. On pense savoir mais on ne sait rien, on croit que c'est comme ça qu'il faut que ça aille alors que chaque relation est différente, chaque rapport humain l'est.

Mais surtout on croit se connaître. On croit avoir tout compris de qui l'on est. La réalité est tout autre : on n'est jamais arrivé, on n'a jamais terminé, on est en constant mouvement. Chaque jour on apprend quelque chose, et souvent, l'autre (amical, sentimental, familial, animal même) ne fait que nous tendre un miroir.

Se confronter à autrui, il me semble, est une grande épreuve du feu. On saute dans le vide, on a peur, mais on va quand même au-delà de nos appréhensions. On dit "ça ne me ressemble pas", mais c'est à la version de nous que l'on connaît que ça peut ne pas ressembler. En fait, je suis convaincue qu'à la manière de logiciels, on se remet à jour constamment.

On a des versions de nous à jour de date à date. Certaines personnes ne nous connaissent que sous notre version de 1998 alors que nous avons évolué, changé, travaillé sur nous-mêmes. Nous avons appris, expérimenté, nous avons souffert aussi. Et riche de toutes ces expériences, notre version de nous d'aujourd'hui ne peut plus être celle d'hier.

Vous me direz que je n'ai rien inventé, certes. Mais encore faut-il intégrer cette information. Quand on rencontre des gens, ils nous voient sous un format, une version, des références, des façons d'être. Nous sommes en formation. S'ils nous revoient des années plus tard, ils peuvent se dire qu'on a changé, même si au fond, la base elle, est restée la même.

Je vous donne un exemple*, anecdotique, mais parlant**. Avant j'adorais être entourée en permanence, toujours sollicitée, jamais seule. Je vous parle d'un temps qui va de mes jeunes années à disons, l'an dernier. Depuis une petite année, je ressens le besoin de m'isoler parfois, dans le calme, le silence. En rentrant du travail, j'ai besoin de dormir parce que les gens que j'ai côtoyé m'ont vidée de mon énergie. Je ne me souviens pas avoir déjà eu ce genre de besoin. C'est maintenant que je comprends et seulement en le vivant, que j'ai besoin de calme, que j'ai besoin d'équilibre. Que j'ai autant besoin d'être entourée qu'allongée dans le calme sur mon lit, comme un sas de décompression avant la suite.

Alors je me suis dit, ça ne me ressemble pas du tout, qu'est-ce qui m'arrive ? En fait si, ça me ressemble, ça ressemble à celle que je deviens. Ma plus grande crainte était d'être seule. La vie m'y a contrainte en arrivant en Pays de Savoie il y a 6 ans. Ma deuxième grande crainte dans le classement est celle de m'imposer auprès des autres. J'ai appris à m'effacer, en silence, mais j'ai aussi appris que je n'étais pas "un poids". Je pars avant que ce soit le cas. 

En acceptant mes changements, mes temporalités, en acceptant de passer des jours à pleurer sans raison parce que j'ai un trop-plein d'émotions qui jaillit, en acceptant mes faiblesses, de ne pas être parfaite, de ne pas être au top tout le temps, j'accepte la même chose chez les autres.

Prendre de la hauteur sur les choses, les gens, les comportements. Ne pas réagir au quart de tour, mais prendre un temps pour réfléchir, pour observer. Se poser. Ne pas avoir raison, ne pas avoir gain de cause, accepter des refus sans tout remettre en question en permanence. SORTIR DE SES SCHEMAS. 

J'ai compris que l'emphase et l'exagération, la "commedia dell'Arte" ne me caractérisaient pas et qu'elles ne m'appartenaient pas. J'ai appris que je pouvais me calmer, parler plus bas, que je pouvais faire confiance vraiment. J'apprends aussi chaque jour à doser. Et je pense vraiment que c'est ce qu'il y a de plus compliqué à faire. 

Pourquoi ? Parce que pendant 43 ans, j'ai joué la partition de la fille dynamique, forte, invincible alors que j'étais terriblement fragile. J'ai mis des masques par-dessus des masques, qu'il m'a fallu enlever un à un. J'ai découvert mes faiblesses, j'ai travaillé, j'ai dû faire le ménage d'émotions héritées qui ne m'appartenaient pas mais que j'avais englobées comme telles. J'ai arrêté de me confondre avec les modèles dont je disposais, eux-mêmes loin d'avoir réglé leurs traumas.

Aujourd'hui, avec cet arc-en-ciel dans le cœur, je peux vous dire que j'aime beaucoup la femme que je deviens. Plus sage peut-être, plus tranquille, même si on ne va pas se changer en cinq minutes. J'apprends, je découvre, je me laisse apprendre. je me "laisse faire", je baisse ma garde. J'accepte que les choses n'aillent pas aussi vite que je le voudrais, j'accepte que les choses n'aillent pas toujours dans mon sens. 

Ce n'est pas facile du tout. Ah non, pas du tout. Vous savez pourquoi ? Parce que ce sont de nouveaux efforts à faire, parce que je croyais avoir un peu de répit. Parce que je n'ai pas du tout fini de nettoyer ma tête et mes cellules de tout ce que j'ai cru être mon fonctionnement alors que ça ne me rendait pas authentique.

Alors la transformation, ça pique. Et ce dont je vous parle, ce ne sont pas ces trucs de psycho à deux balles. C'est bien quelque chose de profond, qui nous change intrinsèquement.

En ce moment, je remets en question mon fonctionnement, mes idées, mes limites. J'arrête de me juger et donc de juger les autres. Je travaille à cesser de me comparer et pour me tester l'Univers ou la vie ou qui vous voulez me met à l'épreuve CHAQUE JOUR sur mon propre palier. 

En un mot comme en cent : je grandis. Mon évolution se poursuit, sans pour autant "perdre" celle que je suis vraiment. C'est effrayant, je vous le confirme et tous ceux qui sont passés par là avant moi ou en ce moment même vous le diront. Je ne dirais pas que je suis "la meilleure version de moi-même", parce que je ne l'atteindrai sans doute jamais. En revanche, la version à jour du 13 mai 2024 est plutôt satisfaisante.

J'ai toujours du poids en trop, un double menton qui m'agace, je ne vais pas assez au sport et chaque SPM s'accompagne de boulimie de nourriture et de pleurs. J'ai toujours des lunettes que je ne supporte pas et une ordonnance pour en changer sur mon frigo, un salaire bien inférieur à mes capacités et mes diplômes et des envies de voyage, des envies de changement et une coach extraordinaire, des cheveux trop fins, mais c'est ok.

Tant que je suis là pour m'en plaindre c'est que ça va : je suis en vie. 

J'espère que vous allez bien et que vous parvenez à sortir la tête de l'eau en ces temps troublés et je vous embrasse, un par un, très fort. 



*Autre exemple anecdotique, après 20 ans au carré long lisse avec une frange, j'ai découvert que mes cheveux ondulaient naturellement. Du jamais vu. J'accepte donc de montrer mon front. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi....voilà. Et c'est vraiment déstabilisant. 

** J'ai aussi vécu 21 jours de méditation. Moi. Et j'ai réussi. Alors vraiment, ne vous arrêtez pas à ce que vous croyez être, allez à la rencontre de l'être que vous n'imaginiez pas devenir. 

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