Free Hugs ( from Confessions d'une accro au stylo)

Le dimanche en famille, être marraine, ça me fait penser à l'enfance.

Ces moments délicieux où l'on regarde les êtres aimés, rien qu'à les observer, on sait qu'on a de la chance.

Il n'est pas simple de revenir à nos souvenirs d'enfance quand ils n'ont pas été parfaits, et quand on passe son temps à s'en inventer, à les améliorer, les embellir.

Et après, on embellit tout le reste. Automatiquement.

Quand on est petit, on veut faire des tours de grande roue, manger des barba papas, des pommes d'amour qui collent aux dents, sauter dans des flaques, faire de beaux dessins en couleur que nos parents afficheront dans leur bureau, dormir dans une cabane en bois qu'on aurait fabriqué dans les arbres...et aussi et surtout, que nos parents ne nous lâchent jamais.

Ni la main, Ni les bras, on voudrait vivre tels des koalas collés à nos parents. A notre mère, les premiers jours de notre vie, on voudrait rester là, comme un badge, une broche, collés à sa peau, et pour toujours, sentir son odeur, sa chaleur et la vie.

A notre père, on voudrait sentir sa force, sa présence, son courage et son côté rassurant.

Ils nous tiendront la main, pour nous aider à marcher, ils nous porteront dans nos bras, ils nous prendront tout contre eux quand nous aurons mal en trébuchant, ils nous feront des bisous magiques sur nos bobos douloureux.

Et une question me trotte dans la tête.

A partir de quel âge, cessons nous d'être pris dans les bras de nos parents?

Quand nos parents arrêtent ils de nous prendre dans leurs bras quand ça ne va pas, de nous tenir la main quand nous tombons, de nous accompagner?

Je ne m'en souviens pas.

Jusque 10 ans je suppose.

Et après? Qui nous fait des câlins après? qui nous prend dans ses bras, quand pouvons nous nous rapprocher de nos parents, de nos frères et sœurs,et quid si nous sommes seuls, enfant unique?

La pudeur, cachée derrière la gêne, de ne savoir comment dévoiler les sentiments, dans certaines familles on ne s'embrasse que pour se dire bonjour. Et encore.

Quand on n'est pas démonstratif avec son ou ses enfants, ce qui est sans doute lié sans fin aux générations précédentes et au vécu, le transmet t on aux mini nous? auront ils du mal à s'ouvrir aux autres?

J'ai dans mon entourage tellement d'amis, de familles même, qui n'arrivent pas à se parler, qui ne se touchent pas, qui ne s'approchent pas.

Et je ne peux que rester silencieuse et perplexe.

Et à l'inverse, je connais plusieurs autres amis qui s'aiment tellement, qui vous illuminent d'amour, tant leur famille est unie et aimante.

Le monde des Bisounours n'a rien à leur envier, parce qu'ils s'aiment d'un amour sincère, ils se connaissent avec leurs défauts, leurs limites, leurs faiblesses, leurs fragilités.

Et aller chez eux, me remplit de tellement de sentiments doux et apaisants, que ça m'arrache parfois des larmes, que je ne m'explique pas. Sans doute ne suis je pas préparée à tant d'amour d'un coup!:)

J'aime ces gens qui savent s'aimer, mais j'aime aussi ceux qui ne se disent rien, mais qui disent tout avec leurs yeux, ils sont tellement émouvants.

Je suis il est vrai entourée de futures mamans, de jeunes mamans, et de mamans plus expérimentées.

Les regarder, les observer avec leurs petits bout'chous m'émeut toujours, être avec mon filleul, lui tenir la main, embrasser mes neveux et nièces, les entendre rire, les prendre dans mes bras.....ça me semble essentiel.

Je repense aux gens qui n'ont pas cette chance, aux déséquilibrés de la vie, à ceux qui ont une existence bancale, une enfance douloureuse, des difficultés pour communiquer, aux émotifs chroniques, aux grands sensibles,aux gens à fleur de peau.....

Et je me demande, quand a t on cessé de leur tenir la main?de les cajoler?de les prendre dans les bras?

J'ai beaucoup apprécié ces gens qui offraient des câlins gratuits dans la rue.

Pour une simple et bonne raison, pourquoi ceux ci devraient être réservés à l'enfance?ou à l'intimité?

Être tactile avec ses amis, ses frères et sœurs, ses parents, n'est pas forcément déplacé ou gênant!
Quand j'étais petite (et ça continue sous peine de foudre paternelle)  mon père tenait à ce que je l'embrasse à chaque fois qu'on se quittait, même pour des instants très courts.

Il disait qu'au moins, s'ils nous arrivait quelque chose, on se serait embrassés une dernière fois.

Ma grand mère à l'inverse, ne supporte pas qu'on s'approche d'elle, ça la gêne, elle ne comprend pas qu'on ait parfois besoin de s'embrasser, de se tenir la main, de se caresser la joue, par simple signe d'affection.

Avec mes cousines, on se dit qu'on s'aime, par des petits mots gentils, mais quand on est gentils avec nos amis, que peuvent ils penser de nous?

Dans un monde où tout le monde se défie, où tout le monde ne pense qu'à soi et se méfie de tous, la gentillesse est suspecte.

Se faire un bisou sur la joue, se remercier par une accolade, se prendre dans les bras les uns des autres, se dire des mots gentils, ne sont pas des choses qui se font?

Alors soyons des "gens-pas-comme-il-faut", et gardons le contact.

Il me semble que le contact physique, sans parler forcément de choses plus intimes, simplement de se toucher la main, d'être proches et de montrer par des gestes qu'on tient aux autres, est essentiel.
si le genre humain décide de vivre un jour en paix il faudrait qu'il y pense.

ça n'a l'air de rien sans doute, ça semble exagéré, mais je pense que l'initiative "free hugs" n'est pas née de nulle part.

Cette envie de serrer dans les bras des inconnus dans la rue, c'est naturel pour moi.

Aider des gens que je ne connais pas en leur montrant que je suis là, que je vais les aider, c'est ça aussi les "free hugs" et c'est mon métier. Enfin, ce que je pense que c'est.

Mais c'est épuisant et on ne peut pas aider ceux qui le refusent.

Alors je me contente (avec une joie démesurée) d'aimer ceux qui le veulent,les miens et ça me rend heureuse. Tout simplement.

Comme si prendre dans ses bras la vie, la serrer fort, lui tenir la main quand elle trébuche, était une façon d'être en phase et en paix avec soi même.

Maintenant, si vous y tenez, on peut aussi se rapprocher.:)


Publié le 13 septembre 2011......sur Tête de Livre!
Envoyé dans le recueil "Confessions d'une accro au stylo" aux Rédac de Magazines.....en octobre 2011
Aimé par 14 amis:à sa publication )
Et par vous maintenant.....

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