Open your eyes....

Arriver dans le monde, ça doit quand même être une aventure extraordinaire, qu'on ne vit de toute évidence qu'une seule fois, sans en être conscient.

Neuf mois passés dans une poche, au chaud, trimbalé c'est certain mais quand même protégé dans un corps que l'on aime parce que c'est celui de celle qui nous donnera la vie.

On se forme petit à petit, on doit sans doute dormir, bouger, et puis attendre de sortir.

Mais pour aller où?

Evidemment à ce stade là de la compétition, on ne sait pas où l'on va, on n'a absolument pas conscience, de faire le saut immense de la vie, puisqu'on est un nourrisson.

On ne sait pas, de là où on est, que le monde autour de notre poche s'agite, que les gens sont fous de joie, d'impatience, et d'émotion, à l'idée que nous arrivions, ils nous aiment déjà, alors qu'ils ne nous ont jamais vu, ils sont heureux de notre arrivée, alors qu'ils ne savent pas ce que nous serons, des bonnes personnes, des gens bien, ils sont juste autour de notre poche et attendent.

Et des fois, attendre l'arrivée d'un enfant, c'est long.

Un jour, on leur racontera quand ils seront plus grands, le temps qu'on a mis à les concevoir, parce qu'on les voulait de toutes nos forces, ces petits êtres intrépides qui bougent tous les organes de la maman, et tout ce qu'ils trouvent sous la main.

Un jour, on leur dira, qu'on les aimait avant même de les voir, qu'on a eu trés peur de ne jamais pouvoir les rencontrer, qu'on a beaucoup pleuré, vu des médecins, fait des tests, du torchon, de l'horloge, du pendule, pour savoir s'ils seraient des ptites meufs ou des ptis gars, et puis, l'émotion qui a été la notre quand on a vu leur petit coeur battre à l'échographie.

Un jour aussi, peut être, on leur dira qu'on a eu peur, de ne plus les sentir à l'intérieur de nous, de ne plus avoir de signe de leur part, de ne pas avoir su les protéger alors qu'ils étaient si petits, et notre soulagement quand finalement tout est rentré dans l'ordre....

On leur racontera, qu'on était tellement impatients et qu'on tournait tellement en rond en les attendant, qu'on a préparé la chambre, acheté tout ce qu'il fallait pour les accueillir, qu'on a bossé jusqu'à la dernière minute, pour éviter de tourner et retourner en rond, parce que franchement les derniers jours c'est long.

Je suis bien placée pour en parler de l'attente.

Je n'ai pas encore d'enfants et cette attente là est déjà trés trés longue.

Mais l'attente des naissances autour de moi est un bon entraînement.

Il y a quelques mois, vous avez pu vivre ici, l'attente de la naissance du petit Lucas, le petit garçon de ma cousine Graziella, depuis d'autres petits babies ont fait le grand saut dans le monde, Lucie, Basile Malcom,Elsa, Léo, Arthur, Francesca....

Et en ce moment, j'en attends un qui devrait arriver d'une minute à l'autre de l'écriture de ce billet.

Je trépigne d'impatience, et nul doute que je ne dois pas être la seule!

Mais c'est long....!!

Et mon amie Marion de me dire "il doit se demander ce qu'il attend une fois sorti"

Comme je le comprends!

D'abord, il fera la rencontre de ses parents, et il aura de quoi être rassuré, de sa grande soeur de ses grands parents, de son tonton, de ses tatas (dont moi).

Tous ces gens qui l'aiment alors qu'ils ne le connaissent pas.

Puis, de la lumière du jour, de la lumière de l'amour, de l'air sur sa peau, de la chaleur des bras de sa mère, de la force rassurante de ceux de son père, des caresses hésitantes de peur de lui faire mal de sa grande petite soeur.

Puis, des bruits, des oiseaux sur la branche, des portes qui se ferment, des pas, des voix.

Mais lorsqu'il ouvrira les yeux....et qu'il verra, pour de vrai, tout ce qui l'entoure, quel émerveillement.

Savoir que tout cela existe, savoir que tout cela est bien réel, que ces bruits sourds qu'on entendait de loin pendant les neufs mois qu'aura duré notre balnéo, sont des bruits de la vie.

C'est un moment précieux, celui où on ouvre les yeux pour la première fois, mais on ne s'en souvient pas.

Les autres s'en souviennent, mais ils se souviennent de leur propre émotion quand nous les ouvrons, pas ce que nous ressentons nous.

C'est un moment unique, merveilleux, effrayant, mais en même temps, quel voyage dans le temps.....

La construction d'un être, son évolution, au fil du temps, pour finalement arriver à ouvrir les yeux et à émerger enfin, dans un monde différent de ce qu'on a toujours connu, qu'on voit enfin, tel qu'il est.

Non, je sais, vous n'aviez sans doute jamais vu la grossesse et la naissance sous cet angle, mais quand on passe son temps à décortiquer le moindre battement de cil, on en arrive à la conclusion suivante.....

Quand on ouvre les yeux pour la première fois, on réalise sans en être vraiment conscient, qu'on est un être nouveau et que notre chemin est à écrire.

Et quand au cours de notre vie, un jour, un évènement nous permet d'ouvrir les yeux, d'enlever les filtres qui obstruent notre vision, on voit clairement qu'on a déjà parcouru du chemin, mais que devant nous, il reste encore une immensité de choses à découvrir et à vivre....

On ne sait pas ce qui nous attend, on ne sait pas de quoi demain sera fait, on sait juste qu'on ira au devant de ce destin qu'un jour deux êtres ont décidé de construire pour nous et de nous offrir.

Il n'y a pas de plus beau cadeau que la vie.

Et pendant que j'attends les yeux rivés sur mon portable à l'affût du moindre mouvement, je me rends compte de la générosité de ces amis qui sont les miens, en offrant la vie, et la possibilité d'ouvrir les yeux à ce petit bout d'chou.

J'attends.

Mais ce que j'attends me remplit de joie, et je profite de chaque moment d'attente pour l'imaginer, même s'il ne sera pas comme je le crois.

Je n'attends pas que lui.

J'attends aussi celui de mes meilleurs amis, qui vont nous concocter un petit chef d'oeuvre tant il met de temps à arriver, c'est pour qu'il soit en or.:)

Comme le petit coeur de beurre de ces gens qui aiment tellement être vivants, qu'ils ne résistent pas au bonheur d'être un petit coeur de plus.

Je vous embrasse fort.......


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