L'entracte

Des nuits et des nuits que je me réveille à 3h30, agitée, perdue. Des matins qui se succèdent, où me sortir du lit est une épreuve tout autant qu'une nécessité. Des jours et des jours, que mon estomac se noue et se dénoue, que mon humeur oscillo-bat (du verbe "oscillo-battre" oui, parfaitement) 

Je garde tout ça pour moi, bien sûr....On ne change pas si facilement, n'est-ce pas? Jusqu'à cet après-midi, mue par je ne sais quel tempo de je ne sais quelle musique, dont je m'abreuve pour tenir bon dans les montagnes russes de mon ENIEME changement, où j'ai exprimé cet état, en deux mots. 

Magie: j'ai reçu exactement LA définition de ce que je traverse en ce moment:  c'est l'antichambre de ce qui m'attend dans un mois et quelques jours, c'est l'entracte avant l'acte 2. Mais quel talent.

Dans un mois et quelques jours donc, je vais mener ma barque sur une autre rive, près d'autres monts. Je quitte les terrils pour les Alpes, la Deûle et la Scarpe pour les Lacs d'Annecy et du Bourget. Il y a quelques mois, alors que j'étais en vrac (rapport à ma loooooooooongue traversée de la Vallée du Lévothyrox) j'ai posé mes paillettes de comète au bord du Lac. J'y ai vu de la lumière, faut être honnête, y avait vraiment beaucoup de lumière. Bon, du coup, quand on m'a demandé si je voulais bien venir travailler là, j'ai été à la fois tentée et effrayée. Toute cette lumière n'était-elle pas un peu trop forte pour la petite comète à paillettes que j'étais? N'allais-je pas me transformer en boule à facettes, éphémère et finalement déchue au petit matin? (nan c'est pas du ch'ti, c'est un vrai mot)

Chemin faisant, les jours avançant à un bon rythme effréné d'enfoiré de temps qui passe trop vite, je me suis retrouvée sur le quai de la gare d'Annecy. Comme ça. En deux deux. Et il allait falloir  prendre une décision. Et vous me lisez depuis assez longtemps pour savoir que prendre des décisions, avec moi, c'est chaud, cacao, et qu'une fois que je suis lancée je ne fais pas semblant de les prendre.

Donc j'ai fait la route en sens inverse. Des montagnes, des chevaux, des lacs, des routes, des champs, la Gare de Lyon, le Nord, Lille. Bien. Et dans ma poche, mon portable vibrait de joie lumineuse. Et sous mes yeux il fallait croire que j'étais arrivée quelque part qu'un mois auparavant j'appelais chez moi .

En passant la porte ce 5 mars, je ne me sentais plus trop à ma place faut dire. J'ai posé ma valise, embrassé mon chat, et me suis assise, déboussolée. J'ai cherché, cherché dans ma tête, dans mon cœur, sondé mon âme. Que faire? Partir deux mois? Trop compliqué. Refuser la proposition? Et quoi, qu'y aurais-je gagné? Quel était mon avenir réel ici? En quoi tous mes efforts se seraient-ils concrétisés?

Dans le train pour Douai, pour aller fêter l'anniversaire de ma grand-mère, je me suis dit qu'en voyant ma famille j'y verrais peut-être plus clair. Prudemment, j'attendais surtout l'aval de l'Ecole avant de m'enflammer, comme je savais si bien le faire avant de vieillir (un peu). J'ai vu ma famille, mon portable a vibré. Rien n'était figé mais une petite voix me soufflait de réfléchir "some opportunities only come once, seize them" était-il écrit dans le Holstee Manifesto affiché sous mes yeux chaque jour dans mon salon.

Alors j'ai en effet évalué. J'ai invité mes meilleurs amis. J'ai bu un verre puis un autre, de crémant de Talloires. J'ai ri. J'ai entendu des vivats, des encouragements, j'ai reçu des câlins et ça m'a fait du bien. Puis les cours ont repris et j'ai parlé de la proposition: voyants verts clignotants. J'ai prévenu mon père: c'est magnifique!  m'a-t-il écrit. Et on connaît tous ici la valeur des écrits à mes pupilles noisettes. J'ai donc décidé. Ce serait quand même plus simple que je quitte le Nord, et que je parte m'installer à Annecy, avec Bianca. Je serais journaliste, il  me faudrait un appart, une voiture et.....du courage.  Ouais ça se tient, fastoche. Ok, vendu. La voix de ma Jeannette dans la tête "c'est important d'avoir des projets dans la vie". Tu l'as dit ma biche!

Cette nouvelle a été extraordinairement bien accueillie par tout le monde, tous lieux confondus. Franche du collier, j'ai attrapé mon téléphone le 14 mars à 12h14 et j'ai laissé un message: "j'accepte votre proposition, et je ne viens pas que pour deux mois, je viens tout court" La deadline était fixée au 15. J'allais pas la laisser filer. Depuis, c'est étrange, mais les gens me sourient dans la rue. Ou alors c'était déjà le cas. Fin en tous cas, depuis je le vois.

Finalement, tout est allé vite et plutôt bien. Une semaine de vacances tombée du ciel, j'ai cueilli l'occasion pour aller faire une virée au bord du lac, histoire de voir de plus près cet appartement d'Annecy le Vieux dont ma collègue m'avait parlé. J'emménage fin juin. Marché conclu. J'ai mis en vente mes meubles, certains d'entre eux se réservent plus vite que la musique....tout va bien. Mon portable vibre toujours et la lumière, toujours, bienveillante, douce presque licornesque se diffuse. (oui oui, c'est possible sur ce blog, la licornesquerie, cessez donc de vous interrompre)

Soudain, le mois de mai. Et il a filé. Et nous sommes le 21. Et depuis dix jours, je dors avec des fleurs de Bach, je me réveille, je ne me rendors qu'au bout d'une heure de fatigue et de paupières lourdes et brûlantes comme du sable entre les cils. (et de fleurs de Bach). Je me réveille et je me fleure de Bach (du verbe enfin bref). Je sens mon ventre se nouer entre l'excitation de ce nouveau départ et tout ce qu'il reste comme temps, choses, énergie, démarches, cartons, argent, voiture, à rassembler....avant de retomber, vaincue par K.0 par la fatigue.

Et le mot a enfin été lâché: c'est l'entracte. Je vais pouvoir me calmer, respirer, toute cette agitation ne durera pas, rien n'est grave, tout va bien. Y a des mots, quand ils arrivent d'où ils arrivent, qui tombent PILE où on voulait qu'ils tombent. Ils écrasent nos peurs et nos doutes, ils tempèrent l'agitation, ils calment la houle impétueuse de nos p****** de glandes lacrymales et surtout, ils te font gagner un TEMPS FOU! Parce que quand on est fatigué, tout est lent eh oui les copains.

Alors je ne vais pas me la jouer Gainsbourg, je ne suis pas venue vous écrire que je m'en vais et que vos sanglots longs n'y pourront rien changer parce qu'en fait, je ne pars pas au bout du monde, et quand bien même, c'est pour aller bien, c'est positif, c'est joyeux, c'est le nom de ce blog! Je vais simplement pailleter ailleurs si j'y suis. Partir à Annecy, c'est aller vraiment au bout du chemin que j'ai pris en 2013 quand j'ai rangé ma robe noire. C'est l'aboutissement du changement que j'ai adopté, c'est me réaliser. J'aurais vraiment fait une révolution. Je suis donc totalement révolutionnaire!

Alors voilà, durant l'entracte, j'ai prévu de manger des merveilleux, de voir mes amis, de continuer à arpenter la ville et à photographier les coins qui m'ont rendue heureuse, pour revenir les voir de temps en temps. J'irai chez Gelato &Coffee et ma glace m'accompagnera sur les marches de Notre-Dame de la Treille avant de faire un petit tour dans le vieux Lille, place du marché aux poissons, rue de la monnaie, rue de la clef, jusqu'au fronton de l'opéra, sur la place du théâtre. J'irai voir la Déesse, ma vieille copine, et on boira un café chez Méo. Les amis passeront, on fera encore des photos, ou bien on oubliera d'en faire, on trinquera au jus de tomate ou de goyave, on mangera des frites avec les doigts, de la mayo maison à la petite cuillère, on débouchera une bouteille de champagne et on mangera de la charcuterie et du fromage, on finira les pâtes parce que c'est pêché, on rira, on pleurera, sans doute oui, mais vindiek, qu'on sera heureux.

Parce qu'à l'instar des paillettes que je sème depuis longtemps, les amis sont comme des étoiles, on n'a pas besoin de les voir pour savoir qu'ils existent. Et si un jour les trains se remettent à circuler normalement, il sera toujours possible et temps de faire un détour par le Pâquier, Annecy, c'est beau tout le temps,même quand ça "meule". (j'apprends, doucement, mais sûrement) 

Vous savez bien que je suis comme le vent, je vais où mon coeur me sème :) 

N'empêche, l'entracte....c'est vraiment bien trouvé. Voilà qui est parlé.

Je vous embrasse mes chatons.

A très vite :)  



Commentaires

Pamela Ose a dit…
Je suis heureuse pour toi ma chérie !! Te lire m'a remémorer plein de souvenirs !! Nos premiers échanges en magasin, nos premières discussions avec cette même énergie et des envies de besoins primaires, tout simplement vivre ! Je t'aime beaucoup, tu es et resteras une belle rencontre 🖤 je nous revois en fin d'année 2017 où nous étions toutes les deux en "difficultés" avec ce qu'on nous demandait tmts pas facile de rentrer dans des cases 🤪🤪🤪 et au final on a réussi !!!! Je te souhaite le meilleur pour la suite et je te dis à très vite 😘 😘 😘
Y a d'la joie! a dit…
Oh ma chérie! Mille mercis pour ce message adorable <3
Je t'aime très fort! Viens me voir très vite et surtout, sois TOUJOURS très heureuse, on est là où on devait être! Mille bisous d'amour

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