Pas besoin de permis

Chers amis joyeux, je vous espère en forme, avec un moral de compétition et beaucoup de joies au quotidien. Voilà bien longtemps que je ne vous avais pas écrit, mais les mots s'entrechoquaient si fort dans mon esprit, qu'il m'a fallu venir ici pour vous les écrire et vous donner une photographie de mon instant présent, car il pourrait bien servir de boussole à certains d'entre vous. Qui sait ?

Comme vous le savez, il y a bientôt quatre ans, j'ai quitté le Nord pour m'installer ici, en Haute-Savoie d'abord, en Savoie ensuite et il m'arrive parfois de me demander ce qu'aurait été ma vie si j'étais restée là-haut. Aurais-je été libre, indépendante, entrepreneuse, à la tête d'un média, dans un studio, au bord d'un lac majestueux, avec la vie sociale naissante que j'ai aujourd'hui? Aurais-je davantage vu les gens qui me manquent, mes fidèles et courageux amis, mes douces et fortes amies, mes très proches, ma famille ? Aurais-je eu envie de changer la routine, de voyager, de voir autre chose, d'aller voir ailleurs si j'y suis ?

Me fallait-il au contraire partir, entreprendre, découvrir, grandir loin, pour mûrir et découvrir le sens de la vie, le vrai sens ? Aurais-je eu envie de monter dans un train comme je brûle aujourd'hui de le faire ? Aurais-je compris tout ce que j'ai compris ces 4 dernières années, qui comptent triple tant elles m'ont enseigné de choses, tant elles m'ont appris à me comprendre ? Objectivement ? Je ne regrette pas une seconde mon choix, parce que je n'aurais jamais été celle que je suis devenue, réparée, davantage en paix, plus à même de choisir mes combats, où mettre mon énergie, auprès de qui arrêter de m'épuiser, comment changer d'angle dans des relations dont on ne comprend plus le sens pour peu que l'on veuille les faire durer, encore. 

L'année qui s'écoule est particulière, à plus d'un titre. J'ai quitté mon T3 au pied du lac d'Annecy pour un studio, en plein centre d'Aix-les-Bains, dans un ancien palace Aixois du XIXe. Quand je sors de chez moi, le jour, il y a des gens, du bruit, des commerces, des cafés, de la vie. Par la porte-fenêtre entrouverte, la nuit, j'entends les vibrations de la fête, les chants, les cris, la vie aussi. J'ai fait ce choix, pour poursuivre l'ascension du Petit Reporter. J'ai décidé de m'y consacrer, comme à l'association, et à l'agence éditoriale que nous avons cofondées avec mon associé. Nous n'avons pas ménagé nos efforts, et j'ai énormément travaillé, bénévolement comme le font tous les chefs d'entreprise de notre pays. Je connaissais le prix à payer, j'avais déjà appris de mes erreurs, rappelez-vous, il y a à peine dix ans, j'étais avocat, à la tête de mon propre cabinet depuis 3 ans. Les erreurs, j'en ai faites, et là, à deux, il était hors de question que je les renouvelle. Alors, j'ai pris sur moi, parce que je crois en ce projet, parce qu'il n'existe pas de mode d'emploi pour créer un média mais aussi parce que je suis si différente, si décalée du monde de l'entreprise qu'il était indispensable pour moi de créer mon propre métier. Et ce n'est pas grave. Au contraire, je suis fière en réalité, et qui m'aime l'est aussi. Qui n'a plus assez d'amour pour moi dans son cœur ne peut me comprendre, si la peur de mon évident échec pour certains est plus forte que leur confiance en moi, ma foi, l'épuisement des liens va de soi. Il n'y a même plus de regrets à avoir.

En étant sur place, puisque Aix et Chambéry sont limitrophes, j'ai trouvé un rythme, et des collègues, dans la première agence de notre média en plein Chambéry, très près du centre et de la gare. En étant sur place, nous avons donc un local, après deux ans en télétravail et à distance, avons créé une formation, mis en place un premier événement, trouvé assez de missions pour déjà payer un salaire sur deux dès notre premier mois de création de l'agence éditoriale ; et surtout, après avoir modernisé le site du média, nous allons enfin payer notre travail de journalistes cet été, après avoir recruté notre première stagiaire. C'est pas ouf ça sérieusement ? Parallèlement, nous pilotons depuis deux ans une émission de radio mensuelle à Chambéry et j'en anime également une à Aix depuis un an. Tout ça, c'était notre but, et pour réaliser cet objectif j'ai donc pour ma part fait des choix. Cela implique des sacrifices, de faire attention, de compter, de ne pas se disperser, de patienter, encore, pour voyager et sortir. Mais cela vaut le coup : donner un sens à sa vie, se sentir utile, croire en un projet et le concrétiser, n'est-ce pas ce qui compte ? Ou est-ce que ce qui compte c'est à tout prix avoir une vie rangée, une relation plate, un pavillon en banlieue et un labrador ? Chacun ses choix de vie, me semble-t-il... 

On me demande souvent, mais moins souvent qu'avant fort heureusement, pourquoi je n'ai personne à mes côtés, pourquoi je dédie ma vie au travail, pourquoi je ne fonde pas de famille. Il y a dix ans, c'était dans mes plans, mais la vie, les circonstances, les rencontres trop tôt, trop tard, en tout cas pas au bon moment, tout ceci a créé une fine pellicule autour de mes projets de famille. La faute à... j'en sais rien en fait, je ne suis tout simplement pas venue sur cette Terre pour ces raisons, j'ai pleuré à 25, 30, 35 ans, et après j'ai décidé d'avancer sans y penser, parce que ce n'est pas fondamental. Mon cœur bat et mes poumons fonctionnent, mes bras et mes jambes me portent et mon cerveau est en bon état, alors je vis, je fonce, je crois en ce que je fais et je fais ce en quoi je crois. Si ça vient, bienvenue. Sinon, salut. On ne va pas retenir son souffle pendant 10 ans non plus. Il y a 9 ans, date du départ de mon amie Jeanne vers une autre galaxie et de mon dernier naufrage sentimental, j'ai pris acte de cette chance : être en vie. Alors hein, franchement, je ne vais pas pleurer sur mon sort du tout voyez-vous.

Bon et donc ? On fait quoi maintenant ? On fait ce qu'il faut les amis, on écrit, on écoute, on rencontre, on voyage, on tombe amoureux (et on essaie de le dire aux personnes concernées, pour voir, j'ai bien dit essaie) on crée des personnages et on les fait danser sur le parquet ciré du Casino Grand Cercle, on ne se prive plus. Pour cela, même si c'est contraignant, même si c'est fatiguant, ça reste nécessaire, on redouble de travail et on se fait payer parce qu'on connaît sa valeur. On fait en sorte de pouvoir vivre plus que de survivre, on trouve des moyens de voyager, d'aller loin, ou près, de ne plus s'inquiéter, de sourire à la vie, parce que la vie nous sourit, ah ça oui. 

Evidemment, comme vous, il y a eu d'innombrables bûches sur mon chemin, pas des petites, ni des moyennes, de bonnes vieilles grosses bûches des familles qui te réchaufferaient tout un hiver à l'aise, mais parallèlement tant de chance bon sang ! D'abord, une maladie de naissance mais un médicament pour vivre presque comme tout le monde, invisible à l’œil nu, sacrée thyroïde hein ! Ensuite, un divorce parental, mais des grands-parents, des cousins, des cousines, un frère ; de la violence et une disparition soudaine, mais un père qui a fait sa part du job ce qui n'est pas forcément le cas de tous les parents ; un décalage avec les autres enfants mais de l'imagination ; un cerveau "trop" bien fait, mais une volonté de fer ; une grande solitude dans l'enfance et l'adolescence à la maison, mais des amis en or ; pas un physique de sportive, mais l'amour des arts, danse, chant, théâtre, cinéma, musique. De loooooooongues études mais la réalisation de mon rêve d'enfant, des débuts compliqués, mais de nouveaux amis et alliés, des amitiés amoureuses, mais enfin de la tendresse tout de même, un burn-out, mais dix fois aux assises avant, une carrière éphémère mais bien remplie, une amie partie trop tôt, mais sa présence depuis tout ce temps, assise sur mon épaule, pas de mari, mais d'excellentes relations avec ceux qui m'ont aimée (et que j'ai aimés), pas maman, mais marraine et tata, un nouveau défi à relever et une amie providentielle pour m'aider dans cette nouvelle aventure, pas de vacances, mais des expériences professionnelles folles et variées, de la rétention d'eau mais l'amour des bassins, pas d'amoureux mais des admirateurs, pas de CDI, mais la création d'un média qui dure, pas de salaire, mais à la tête d'une asso et d'une agence éditoriale, pas d'investissement dans la pierre ni de compte à millions, mais de l'énergie pour faire ce qu'il faut et remonter la pente, un chat de 16 ans mais plein d'amour inconditionnel, plus d'argent de côté, mais de l'imagination et un système D, mes amis loin de moi, mais de nombreux souvenirs de vacances ici avec eux, un mini-studio à 41 ans, mais bientôt un super appart grâce encore une fois, à une chance de maboule providentielle. Alors vous voyez, si je regarde vraiment tout ce qui n'a pas fonctionné, et tout ce qui a finalement été encore mieux que prévu, je me dis que j'ai eu de la chance. Beaucoup de chance. Et que tout ceci aura servi à quelque chose. 

En parlant de chance, dans mon cercle d'amis, je voudrais vous parler de Cassandre, une vraie source d'inspiration : après avoir stoppé l'école au collège, elle a tenté, échoué et finalement mis un pied dans une industrie prospère aka le marketing de réseau. Elle a fondé un magazine, une école de formation, une maison d'édition, écrit un guide du marketing de réseau...entre autres choses. Tout ça, elle l'a démarré sans budget, sans prêt, avec un graphiste et une rédactrice correctrice (moi) encore étudiants, et elle a réussi. Quand j'étais à la convention du Networker à Disneyland Paris, je n'arrivais plus à arrêter de sourire. Cette femme est une vraie gagnante, rien n'était joué, elle ne savait pas si ça marcherait, (au fond elle devait se dire : ça va le faire) et elle a réussi, plus qu'elle n'avait pu l'imaginer. Elle a quelques années de moins que moi et tant d'années d'avance ! Elle m'apprend tant de choses et on ne s'est rencontrée qu'une fois, ce jour d'avril où j'avais le sourire indélébile. Cette femme incroyable, mère de famille, battante, forte, présidente d'un empire, me rappelle que je peux y arriver et en regardant dans le rétro, on dirait que je suis déjà arrivée quelque part. Pas encore là où je suis capable d'aller, mais le palier atteint est assez sympa je trouve. Et avec des gens comme Cassandre pour m'inspirer et me faire confiance professionnellement, avec tous les anges gardiens qui m'entourent, sur terre comme ailleurs, que voulez-vous demander de plus ? (oui, des thunes, mais ça vient, ça vient) 

On dit "no pain, no gain", vu la "pain" que j'ai trimbalée, le "gain" ne doit pas être si loin :) Je ne lâche rien et vous encourage à en faire autant : comme Cassandre, comme je l'ai fait moi-même, ne lâchez pas votre objectif si c'est ce que vous voulez, n'écoutez personne, allez là où vous devez aller, regardez autour de vous et dans le rétro, souriez, et repartez pour la suite. On dit aussi "aide-toi et le Ciel t'aidera" : j'en suis l'exemple-type, vu ce qui précède. Peut-on quantifier l'aide providentielle que l'on reçoit ? Je ne sais pas. Ce que je sais en revanche, c'est que c'est vrai. C'est une réalité : on donne, on reçoit. Vous voyez quand vous avez épargné et qu'il vous arrive une tuile, et que c'est exactement ce que vous avez de côté dont vous avez besoin pour la régler ? C'est ça l'aide providentielle. C'est juste magique ! Ça n'arrive pas avant ou après mais pile quand vous en avez besoin. Et ça m'arrive au moins une fois par semaine, dans des détails, dans des petits trucs insignifiants du quotidien,il faut y croire, et c'est pour ça que je vous écris. Croyez-y, parce que vraiment ça fonctionne : regardez vos galères, elles ont un revers de médaille, regardez les épreuves que vous vivez, elles ont un enseignement. Je ne vis pas à Disneyland, je l'ai vécu, dans des moments insoutenables, où j'ai senti mon ego sur le point de me faire lâcher prise. Il faut un sacré mental hein, vous l'avez les copains. N'ayez jamais peur de tenter quelque chose, "sautez, il vous poussera des ailes" me dit souvent mon amie Galy. Honnêtement, je suis fatiguée de devoir compter et recompter des bouts de chandelle mais j'ai tenu et il reste 3 minutes avant que mon objectif soit atteint, avant que tout ce dont j'ai rêvé advienne, avant de pouvoir aider ceux qui m'ont tendu la main s'ils en ont besoin. Alors je tiens. Et je suis fière d'être aussi têtue, tenace, opiniâtre. De n'avoir écouté que moi, mon intuition. Des exemples de femmes et d'hommes tenaces, j'en ai plein, et ce sont tous des sources d'inspiration pour moi. Un jour, j'écrirai un livre avec leurs histoires et j'espère que vous serez nombreux à le lire: pour avoir la preuve que vous n'avez pas besoin de permis pour réussir, "rends-toi à l'évidence, tu peux réussir ta vie": chiche ? 

Je vous embrasse. 



Commentaires

Ton Frère a dit…
La voie du cœur ne peut être remis en cause. C’est la progression de l’esprit dans le corps qui est importante, les considérations matériels et financières n’ont pas un intérêt spirituel. Tu es une personne merveilleuse, une âme droite, sincère, bienveillante et je crois que tu as réussi toutes les épreuves de la vie avec brio. Tu as gravi la dure montagne de la vie, alors à présent c’est la descente, c’est à dire, du kiff en barre chocolaté! Alors célèbre, mets beaucoup de Patrick Sebastien dans ta vie et ne te soucis plus d’autres choses car la providence, c’est à dire Dieu est a tes côtés. Alléluia ma sœur, le dieu du zouk est avec nous alors zoukons! Je te souhaite bonheur et joie avec tout mon amour de frère. 05h35.
Unknown a dit…
Coucou Joya!
Une petite pensée d'une ancienne lilloise, cliente comme toi du magasin Poppy Milton.
J'avais lu ton dernier blog qui parlait d'une séparation.
Aujourd'hui j'ai lu ton dernier qui booste et inspire, ta vie et celle de ton amie Cassandre, quel parcours!

Quand je pense que tu as abandonné ton métier d'avocat! Le journalisme est plus fun ceci dit.
Tu as une vie riche en rebondissements, la mienne semble stagner, bien que j'essaie de tout faire pour faire bouger les choses. Je suis encore célibataire ! Le peu de gens rencontrés m'ont laissée tomber, ce sera désormais très fréquent lorsque l'on est ds la cinquantaine (51 pour moi) je suis loin de les avoir ds ma tête et tout le monde s'y trompe. Mais les hommes ont besoin avant tout d'exiber un trophée, un jeune trophée surtout. Alors je suis d'un coup devenue invisible, sans compter que le métier d'esthéticienne spa praticienne peut inspirer la honte à certains. Bref! Celà m'a fait du bien de te lire, et je me souviens très bien de ta joie de vivre, d'où ton prénom.
J'ai hésité à poser ma candidature au Royal Évian car j'aurais bien aimé partir vivre là bas, mais je ne sais pourquoi, cet hôtel a par deux fois dans le temps refusé ma candidature. Récemment c'était sur Bagnols (au Château de Bagnols) que j'avais trouvé un poste mais ils voulaient me faire partager la même chambre qu'une fille, alors je ne l'ai pas pris. J'aurais ainsi pu te revoir.
Encore à travailler sur la Dune du Pilat, je suis en pourparler avec un 5* , l'Auberge du Jeu de Paume à Chantilly qui au moins me rapprochera de mon garçon,si tout va bien. On est en pleine négociation à propos du salaire, dur dur.
Je te souhaite beaucoup de succès dans tes nouvelles entreprises et une très belle rencontre. Continue à nous donner des nouvelles.
Prends soin de toi ������
Je t'embrasse bien fort.
Christelle M.
Anonyme a dit…
Merci et bravo à toi!

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